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Les âmes sont vides…
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19022022
Les âmes sont vides…
« Nos plus grandes craintes
comme nos espérances
ne sont pas au-dessus
de nos forces » Victor Pouchet
« La beauté trop formelle devient une grimace » Rosa Luxemburg
Les âmes sont vides, elles trainent et vont nues
comme des confettis perdus par-delà les rues pénombrées
où les couleurs déjà passées y sont délavées,
projetant des ombres indéfinies, figées au cadran lunaire
et se jouant des lampadaires mutins.
Une légère brise s’en mêle, éparpillant les âmes maugréantes,
qui s’arrêtent quelquefois et parfois s’effondrent ; cothurnes néantisés,
à la mise à mort silencieuse, sans un mot, sans un cri
sans une dernière clope sur laquelle tirer
ou un dernier café à siroter (seul ou avec d’autres)…
Rien que nenni ! Les vitres du troquet sont sales.
Une écharpe invisible balaie les intrus qui se frottent aux vivants
avant qu’ils ne soient happés par les morts-vivants,
masqués ou non, qui déambulent comme des poussières,
fantômes insuffisamment rassasiés de fêtes et de chairs baisées,
ils vont comme d’immenses cafards
dans les rues glauques, aux immeubles crasseux,
et cherchent les lumières étincelantes d’absurdité
comme des éclats de verre au soleil (absent)
se faufilent dans les parkings haltes
près des affiches identitaires aux mots désincarnés,
« punchlinisés » où l’intelligence s’abîme !
Comment faire taire l’hubris qui féconde (impropre)
les égos sans épaisseurs ?
Ce soir je m’égare, je songe et je suis l’esprit caressant,
m’imaginant fureter sous une robe ouverte
qui accepte une main douce et chaude
pour envelopper des lèvres désireuses
au creux d’un lit, oublieux de tout, sauf de l’amour.
Dans un silence de cathédrale,
un souffle de louanges chante l’altérité fécondante ;
elle est féministe pointilleuse le jour
et allumeuse sensuelle la nuit (pas toutes les nuits).
Il y a le visible et puis l’invisible
hétéronomie entre le froid et le chaud !
Dehors les âmes vides s’appauvrissent.
Elles quêtent des bouts de bonheur, de-ci, de-là
en errance, comme ces chiens des rues qui flairent de quoi manger,
souvent compagnons d’infortune. Les petits bonheurs
lorsqu’il y en a, sont si fugaces, qu’il est bien difficile de les envelopper ;
cadeaux inattendus, si parcimonieusement ficelés pour ces âmes meurtries,
qu’ils recueillent le plus clair du temps un sourire timide au bord de lèvres sèches,
exsangues, de n’avoir pu que si peu aimer jusqu’ici. (I have a dream !)
Aux urgences de la vie, il n’y a pas de radiographie de l’âme
on s’allonge ici ou là, à la faveur ou non d’une maraude,
quelque part, entre deux attentes plus ou moins longues,
avant l’appel de votre nom par une blouse bleue, rose ou blanche,
un bouquet de bienveillance, épuisé. « On va s’occuper de vous ».
Juste une question de patience. Mais parfois l’âme s’insurge,
une colère rentrée, froide qui exulte comme un volcan
rageusement ; de la lave de bave bouillonnante
envoie des SMS syncopés dans des bulles invisibles ;
c’est maintenant qu’il (le patient) veut être (re)connu, pas demain,
demain, il sera peut-être trop tard!
Déshéritées impalpables, ces âmes vides aiment la nuit anonyme
loin des humeurs humaines, occupées qu’elles sont à boire du champagne
en faisant de l’esprit, au cœur d’un tohu-bohu mêlé de feux d’artifice,
de joyeuseté et de tendresse, mais aussi, de quelques pétards mouillés de larmes,
le flop de la soirée. (Ce n’est pas possible ! qui aurait pu l’imaginer ! pas elle, pas lui, pas eux !)
Un accident de vie. Une vie s’en va, une autre arrive
et le cycle enclenche des automatismes, jusqu’au moment
où une nouvelle âme se révolte, dans un sursaut de dignité
dans la rue, chez son boss, à la maison ou ailleurs, seul avec soi.
Les lumières de la ville se sont éteintes plus tôt (photopollution)
les belles de nuit se soulagent dans les douches
les mecs pissent sur les trottoirs des remugles de bières avinées.
Et les âmes vides ne croient plus en la vie. Elles prient pour qu’une main bienfaitrice
vienne les tirer de là. Celle de Dieu ou d’un autre.
« Allo, allo ! S’il vous plait ! » Comme trop souvent, ça sonne dans le vide ou alors les gens n’ont pas le temps. Débordés. L’écoute attendra, encore une fois. Un livreur de pizza passe à toute vitesse sur son vélo électrique. Il laisse à la vue de l’homme « anachorète », amaigri et recroquevillé dans un vieux sac de couchage, un point rouge dans l’infini, comme une cicatrice mal cautérisée. Son cœur saigne.
Pour ne pas devenir fou, avant de s’endormir, il récite des mots, ses mots de poésie, comme un bon vêpre : « L’âme la nuit / marche aux lèvres du bonheur / dans la rue sans vie / aux lumières de l’esprit / le cœur sur la main / avec des mots d’un autre temps ». Il est minuit passé. La lune est fadasse.
comme nos espérances
ne sont pas au-dessus
de nos forces » Victor Pouchet
« La beauté trop formelle devient une grimace » Rosa Luxemburg
Les âmes sont vides, elles trainent et vont nues
comme des confettis perdus par-delà les rues pénombrées
où les couleurs déjà passées y sont délavées,
projetant des ombres indéfinies, figées au cadran lunaire
et se jouant des lampadaires mutins.
Une légère brise s’en mêle, éparpillant les âmes maugréantes,
qui s’arrêtent quelquefois et parfois s’effondrent ; cothurnes néantisés,
à la mise à mort silencieuse, sans un mot, sans un cri
sans une dernière clope sur laquelle tirer
ou un dernier café à siroter (seul ou avec d’autres)…
Rien que nenni ! Les vitres du troquet sont sales.
Une écharpe invisible balaie les intrus qui se frottent aux vivants
avant qu’ils ne soient happés par les morts-vivants,
masqués ou non, qui déambulent comme des poussières,
fantômes insuffisamment rassasiés de fêtes et de chairs baisées,
ils vont comme d’immenses cafards
dans les rues glauques, aux immeubles crasseux,
et cherchent les lumières étincelantes d’absurdité
comme des éclats de verre au soleil (absent)
se faufilent dans les parkings haltes
près des affiches identitaires aux mots désincarnés,
« punchlinisés » où l’intelligence s’abîme !
Comment faire taire l’hubris qui féconde (impropre)
les égos sans épaisseurs ?
Ce soir je m’égare, je songe et je suis l’esprit caressant,
m’imaginant fureter sous une robe ouverte
qui accepte une main douce et chaude
pour envelopper des lèvres désireuses
au creux d’un lit, oublieux de tout, sauf de l’amour.
Dans un silence de cathédrale,
un souffle de louanges chante l’altérité fécondante ;
elle est féministe pointilleuse le jour
et allumeuse sensuelle la nuit (pas toutes les nuits).
Il y a le visible et puis l’invisible
hétéronomie entre le froid et le chaud !
Dehors les âmes vides s’appauvrissent.
Elles quêtent des bouts de bonheur, de-ci, de-là
en errance, comme ces chiens des rues qui flairent de quoi manger,
souvent compagnons d’infortune. Les petits bonheurs
lorsqu’il y en a, sont si fugaces, qu’il est bien difficile de les envelopper ;
cadeaux inattendus, si parcimonieusement ficelés pour ces âmes meurtries,
qu’ils recueillent le plus clair du temps un sourire timide au bord de lèvres sèches,
exsangues, de n’avoir pu que si peu aimer jusqu’ici. (I have a dream !)
Aux urgences de la vie, il n’y a pas de radiographie de l’âme
on s’allonge ici ou là, à la faveur ou non d’une maraude,
quelque part, entre deux attentes plus ou moins longues,
avant l’appel de votre nom par une blouse bleue, rose ou blanche,
un bouquet de bienveillance, épuisé. « On va s’occuper de vous ».
Juste une question de patience. Mais parfois l’âme s’insurge,
une colère rentrée, froide qui exulte comme un volcan
rageusement ; de la lave de bave bouillonnante
envoie des SMS syncopés dans des bulles invisibles ;
c’est maintenant qu’il (le patient) veut être (re)connu, pas demain,
demain, il sera peut-être trop tard!
Déshéritées impalpables, ces âmes vides aiment la nuit anonyme
loin des humeurs humaines, occupées qu’elles sont à boire du champagne
en faisant de l’esprit, au cœur d’un tohu-bohu mêlé de feux d’artifice,
de joyeuseté et de tendresse, mais aussi, de quelques pétards mouillés de larmes,
le flop de la soirée. (Ce n’est pas possible ! qui aurait pu l’imaginer ! pas elle, pas lui, pas eux !)
Un accident de vie. Une vie s’en va, une autre arrive
et le cycle enclenche des automatismes, jusqu’au moment
où une nouvelle âme se révolte, dans un sursaut de dignité
dans la rue, chez son boss, à la maison ou ailleurs, seul avec soi.
Les lumières de la ville se sont éteintes plus tôt (photopollution)
les belles de nuit se soulagent dans les douches
les mecs pissent sur les trottoirs des remugles de bières avinées.
Et les âmes vides ne croient plus en la vie. Elles prient pour qu’une main bienfaitrice
vienne les tirer de là. Celle de Dieu ou d’un autre.
« Allo, allo ! S’il vous plait ! » Comme trop souvent, ça sonne dans le vide ou alors les gens n’ont pas le temps. Débordés. L’écoute attendra, encore une fois. Un livreur de pizza passe à toute vitesse sur son vélo électrique. Il laisse à la vue de l’homme « anachorète », amaigri et recroquevillé dans un vieux sac de couchage, un point rouge dans l’infini, comme une cicatrice mal cautérisée. Son cœur saigne.
Pour ne pas devenir fou, avant de s’endormir, il récite des mots, ses mots de poésie, comme un bon vêpre : « L’âme la nuit / marche aux lèvres du bonheur / dans la rue sans vie / aux lumières de l’esprit / le cœur sur la main / avec des mots d’un autre temps ». Il est minuit passé. La lune est fadasse.
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