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Requiem - Poème sans héros de Anna Akhmatova
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30032023
Requiem - Poème sans héros de Anna Akhmatova
Extraits
Les yeux ouverts
Il n'y a plus de temps, il n'y a plus d'espace,
J'ai tout examiné à travers la nuit blanche :
Et le narcisse sur la table dans le vase,
Et la fumée bleue du cigare,
Et ce miroir, où, comme dans une eau pure,
Tu pourrais en ce moment te refléter.
Il n'y a plus de temps, il n'y a plus d'espace,
Et même toi, tu ne peux pas m'aider.
En rêve
Je porte en même temps que toi
Cette rupture noire et opiniâtre.
Pourquoi pleures-tu ? Donne-moi la main.
Promets-moi plutôt de revenir en rêve.
Pour toi, pour moi (nous sommes deux montagnes),
Pour toi, pour moi, plus de revoir en ce monde.
Tu pourrais simplement, à minuit, m'envoyer
Un message par les étoiles.
Souvenir
Tu m'as inventée. Celle que tu imagines
N'existe pas, ne peut exister nulle part.
Chez les médecins, pas de remède ; pas de réconfort chez les poètes.
Cette ombre, ce fantôme jour et nuit te persécute.
Notre rencontre eut lieu en une année invraisemblable.
Les forces du monde étaient à bout.
Tout portait le deuil. Tout déclinait, malade
Rien de nouveau, sinon des tombes.
Plus de lumière. Flots de la Néva, noirs comme du goudron.
Nuit, tout autour, compacte, comme un mur.
C'est alors que ta voix m'a défiée.
Ce que je faisais, je ne le comprenais pas encore.
Tu es venu vers moi, comme conduit par une étoile,
Tu foulais aux pieds l'automne tragique,
Tu es entré dans la maison à jamais déserte,
D'où avait fui le vol des poèmes brûlés.
Les yeux ouverts
Il n'y a plus de temps, il n'y a plus d'espace,
J'ai tout examiné à travers la nuit blanche :
Et le narcisse sur la table dans le vase,
Et la fumée bleue du cigare,
Et ce miroir, où, comme dans une eau pure,
Tu pourrais en ce moment te refléter.
Il n'y a plus de temps, il n'y a plus d'espace,
Et même toi, tu ne peux pas m'aider.
En rêve
Je porte en même temps que toi
Cette rupture noire et opiniâtre.
Pourquoi pleures-tu ? Donne-moi la main.
Promets-moi plutôt de revenir en rêve.
Pour toi, pour moi (nous sommes deux montagnes),
Pour toi, pour moi, plus de revoir en ce monde.
Tu pourrais simplement, à minuit, m'envoyer
Un message par les étoiles.
Souvenir
Tu m'as inventée. Celle que tu imagines
N'existe pas, ne peut exister nulle part.
Chez les médecins, pas de remède ; pas de réconfort chez les poètes.
Cette ombre, ce fantôme jour et nuit te persécute.
Notre rencontre eut lieu en une année invraisemblable.
Les forces du monde étaient à bout.
Tout portait le deuil. Tout déclinait, malade
Rien de nouveau, sinon des tombes.
Plus de lumière. Flots de la Néva, noirs comme du goudron.
Nuit, tout autour, compacte, comme un mur.
C'est alors que ta voix m'a défiée.
Ce que je faisais, je ne le comprenais pas encore.
Tu es venu vers moi, comme conduit par une étoile,
Tu foulais aux pieds l'automne tragique,
Tu es entré dans la maison à jamais déserte,
D'où avait fui le vol des poèmes brûlés.
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