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02082024

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Saint-Lô, Hambourg, Dresde, Coventry, Guernica… et ailleurs aujourd’hui.
 
« Et quand l’ombre s’affaiblit et disparait, la lumière qui s’attarde devient l’ombre d’une autre lumière » Khalil Gibran
 
« Ce n’est pas le manque
 de richesses qui est
 à redouter sous le ciel,
C’est l’absence de partage. Guanzi
 
 
Des trombes meurtrières chutent du firmament, lâchées par des oiseaux d’acier vrombissants, aux feux terrifiants. Gravelotte n’est jamais très loin lorsque les armes se déchainent. Les éclairs ne dominent pas, ne dominent plus la puissance létale que les corps ne peuvent absorber dans leur fragilité singulière. Rapaces aux longues ailes et visières noires, déchirent l’azur éthéré, cachés par l’astre du soleil ou les ombres vespérales, ils surgissent là-haut, entre nébulosité et opacité. Ils signent leur passage d’un chapelet de mort invisible et fractal à l’étrange ressemblance de banales Léonides. Ils traitent et neutralisent les objectifs en fraction de seconde puis s’éloignent du plat de terre. Et le sol martyrisé, encore secoué, s’empourpre de honte et de sang, au cœur d’un combat inégal perlé de larmes asséchées. La pluie ne suffira pas à laver l’âme humaine. Les terriens, minuscules vivants, pantelants, balayés par le souffle, blastés, époumonés, sur un chevelu topographique mortifère, là, presque clandestinement, sans abri, au monde guerrier et paroxystique. Ils s’ensevelissent et meurent sans hoqueter sans bruire sans yeux ! Au microcosme des terres anoxiques, ils cessent brutalement d’exister, sans distinction aucune, frappés de catalepsie fulgurante, dans une inglorieuse ingratitude. Plus de filiations, plus de générations, plus d’enfance ! Y a-t-il seulement encore un avenir au-delà du mouvement de terrain tabassé ? Les ventres des femmes n’accueillent plus. Ils s’éventrent et n’offrent que la mort. L’humus infertile se révolte. Rémanence poussiéreuse de l’histoire des hommes. Tous les violons gémissent - dans l’air empuanti - des notes fragiles, papillons aux ailes bruissant de vie, comme un bouquet d’espérance, comme une ode au « peut-être » ! Et tous ces essaims d’humains, emportés d’insaisissable, s’en vont rejoindre les innombrables étoiles accrochées au ciel. Féerie macabre aux lampions squelettiques. Ils tendent leur bras vers le firmament – dans ce désastre incommensurable, ils ne veulent pas rester seuls - pour enlacer cette cohorte de voix éteintes (prématurément), massées entre nuages et rais de soleil, à la vie roidie, au trop-plein d’amour confisqué. Des je t’aime en pagaille, jamais distribués, dividendes de l’amour restés à quai. Le train est passé. Les photophores rouges se sont éloignés à grande vitesse. Ici-bas, à l’orient ou à l’occident, près ou loin des ballasts (hors choix), inéluctablement, ils quittent (à la sauvette et à contre-cœur), l’écorce terrestre aux entours malmenés de fracas inouïs. Leur ultime bruit de vie. Et un silence disruptif s’installe qui n’en finit pas de porter en germe le témoignage processionnel de ce long souffle de souffrance, exténué, qui biffe d’un trait l’horizon dissemblable, à l’orée des frontières ! Toujours, il s’agit de drames accrochés aux frontières, imaginaires ou non, lambeaux d’hubris et de zélotes, qui avancent dans la nuit noire des temps immémoriaux. La toupie tourne, tourne, sur la table, trace un parcours incertain et tombe à terre. Que nous dit-elle ? Qu’elle se fracasse contre les libertés, l’envie d’être ce que l’on est et veut devenir. Qu’elle essaye de se hisser éminemment avec détermination et force et bonheur au champ d’honneur de l’ineffable créativité de la raison humaine, qui naturellement, de manière quasi viscérale, est allergique à toutes les formes d’injustices, et particulièrement, celles issues du despotisme. Mais pour l’instant, en catimini, les jeux sont faits. Et les oiseaux s’éparpillent. Ils esquivent les peurs à venir ou supposées.  Intuitions de survie. Impossible recueillement. Et cependant, tous attendent secrètement qu’une voix surgisse, qu’un rêve, aussi minime soit-il, se fasse jour au cœur des ténèbres ! Soyons fous et offrons-nous un bouquet de gardénia, de jasmin et de stéphanopsis, juste pour respirer, un instant seulement, cette douce délicatesse qu’est la vie, à l’instar d’un premier pas de danse esquissé. Requiem et concerto aux voix cristallines disent l’indicible. À l’oratoire resté debout, on ne sait trop comment, cerné d’une tavelure de mousse, on ne prie plus. Je songe à l’au-delà rassembleur de tant de peine, de tant de déchirures de corps et d’âmes. De tant de séparations non choisies. À tous ces morts irremplaçables, à nos vies brinquebalées comme une coquille de noix sur l’océan des incertitudes humaines. Et le Très-Haut est toujours là, je crois. La dévotion est mise à mal. Ses louanges ne font plus sens, n’atteignent plus les cœurs, deviennent inaudibles. Pas le lieu, pas le moment. Des mots charitables, compassionnels, déshumanisés par le factuel. L’airain sonne.   
 
Tout là-bas, j’aperçois un jeune homme prostré près d’une jeune femme. Il peint de ses doigts de sang des aplats rouges sur les lèvres bleues de celle qui comptait pour lui. Il lui tient la main blanche et froide aux ongles noirs, faïence fragile exhumée d’une terre de feu. Avec une infinie tendresse, il lui clôt les paupières pour échapper à ce regard hagard qui n’est pas le sien. Et il reste allongé près d’elle, comme si c’était hier, juste avant l’étreinte amoureuse. L’enfant ne viendra plus. Il n’y a plus de demain ni de lendemain. Des gestes primitifs en ont décidé autrement.  Une petite voix intérieure, lui répète à l’envi : « On a qu’une seule vie. OUI, qu’une seule ». Il sourit au ciel d’un rictus mélancolique et s’ensommeille à l’ombre d’Elle, à l’écoute des dernières pulsations, de ce qui a été jusqu’ici une vie de cocagne, juste avant de croiser l’éternité. Dans un dernier effort, il calligraphie imparfaitement de ses doigts engourdis, tremblants et nus, à même le sol, ce qui désormais apparait comme une émotion fugitive « Je Nous aime ».
Seawulf
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Date d'inscription : 20/03/2021

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