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À l’heure où...
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15052023
À l’heure où...
« Je ne puis jamais être ce que je dois être sans que vous soyez ce que vous devez être… »
Martin Luther King
Et le monde s’active.
Et le monde batifole.
Et le monde chavire.
Et le monde renaît.
Martin Luther King
À l’heure où les arbres bruissent doucement de sommeil encore, tout enchâssés de volutes de fumée aux douces mines matoises, surgissant à l’orée des brumes, filigranées d’ambre, de lumière et d’or, bordés d’ombres aux ondes vaporeuses subtilement turquoise, ils s’étalent, pareil à un paquet de mer massif et rugissant, roulent vers la cité, sont happés par les rais carmin, et statufiés un instant dans leur course matinale, par l’astre de feu, qui vise lestement le firmament.
Et le monde s’éveille.
À l’heure des pétarades enfumées, et des fourmillements humains, des entrelacs de jambes croisées où s’observent des visages sans regard, furtivement, clignent des paupières, qui disent oui, qui disent non, qui ne disent rien ; et les jupes s’envolent, et les vestes se tordent et les anges rient comme fêtards entre deux mah-jongs ; et tout ce vacarme déroutant laisse pantois. Et surgi de nulle part, deux gandins, un rien ébouriffés, le cheveu à l’iroquois, suspendent le temps…le temps d’un envol au-dessus d’une foule transie d’émoi.
Et le monde s’enhardit.
À l’heure où les couloirs trient et distribuent des cargaisons d’humains, de salles en corridors, de bureaux en étages et de halls en entrées, pour rejoindre prestement, qui son téléphone, qui son sous-main, qui sa maîtresse ou bien son amant, ou peut-être son café ! La grande frénésie primesautière de la nuit laisse les filles lasses d’amour, plongées dans des rêveries de pariades, elles folâtrent entre les tic-tacs, et courent. Courent, s’exclamant, se peut-il que l’on m’attende encore ? Oh ! Mon Dieu…l’amour !
Et le monde s’active.
À l’heure où les étals disparaissent, où les devantures se referment sur l’agora, où les enseignes déchirent l’ombre et les vitrines miroitent, le saxo suinte. Les gambilles des dames s’assombrissent de soie et leurs yeux de mascara, et tout habillées d’aventures raffinées, elles guignent les parfums d’absinthe et s’offrent aux regards ; si désirables, si enivrantes ! S’allongent, badinent et rient. Torpides, les corps couperosés d’amour, elles s’en vont revisiter la nuit qui fuit, et dans ce temps vespéral, des hommes caressent d’autres qu’elles, bien après minuit…
Et le monde batifole.
À l’heure où tous les rêves meurent d’épuisement, même les plus beaux, tu t’endors et ton âme s’ensommeille au cœur de ton être qu’il faudra consoler ; demain, après-demain, tout à l’heure, maintenant ou beaucoup plus tard… bientôt. Avec elle, avec lui, sans elle, sans lui, avec quelqu’un d’autre…mais recommencer. Repenser le bonheur, l’amour, l’amitié et sans doute trébucher comme conscrit dans ce sable mouvant aux allures de labyrinthe, drapé du chemin de Vie. Repartir, une fois n’est pas coutume, et refaire d’un désert un antre d’harmonie.
Et le monde chavire.
À l’heure où plus rien ne presse, où l’on voudrait que la mort nous saisisse, en douceur évidemment ! Où l’on aimerait pouvoir voler, prendre de la hauteur, recouvrer le silence, pour mieux ausculter les maux qui nous rongent et nous rapetissent ; à l’heure où l’horizon s’assombrit de nuages aux reflets terre d’ombre, brûlés de sueur, gonflés des vents de la colère, de l’injustice et ceints du ciel de la révolte, alors venant, on ne sait d’où, l’improbable Phénix, charmeur aux manières falotes fait chavirer de nouveau ton cœur qui virevolte les yeux pleins de flotte.
Et le monde renaît.
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