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Folle transgression
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03062021
Folle transgression
“ Dehors s’accroît / La nature enfin / Transhumante“ Martin Ziegler
Lorsqu’au mitan de sa vie l’on songe à quelques mots de ses parents,
« Quand on se déplace en marchant, il faut toujours regarder devant ! »,
cela sonne encore comme une évidence. Et puis un jour, le gong frappe.
Une brume opaque s’effiloche,
drap de lin déchiré pendu dans notre tête, voile nos yeux et bouscule notre cœur.
Quelque chose qui susurre des mots impalpables, confusément,
de manière confidentielle, de temps à autre.
Ils viennent,
deux à deux, baladins,
sans crier gare, métaboliser l’esprit.
Un soir d’orage mouillé, dégingandés, se calent au coin du jour,
dans l’ombre de la fenêtre, et nous disent,
« Voyez, dans ce bras de nuit, cette étoile luminescente nous observe ».
Et puis au matin, « regardez la lune décroissante qui nous envoie un message lumineux,
plein de rondeur, plongez dedans, l’inspiration viendra !».
Chimères incongrues, le corps embolise.
D’où viennent-ils, on ne le sait !
De là-bas où d’ailleurs, qui peut le dire,
du fin fond des terres où brûlent les regains
ou de ce canal à fleur d’eau, miroir sans réfraction
ou peut-être, de ce talweg abandonné à l’insouci des hommes !
Ils avancent dans le noir, mains fuligineuses,
cherchent un chapelet, une route sans fin à l’inassouvissement contrarié,
et ouvrent leur esprit à l’oratoire de la dramaturgie dans un huis clos unique.
« Imaginez », disent-ils,
avant de se pencher sur nos épaules,
effleurer le cou et faire silence au ciel nacré de l’espoir.
« Imaginez autre chose »,
et le cœur capture les papillons grenouillant comme des têtards dans le ventre.
« Voyez nos congénères se déplacer rapidement, métronomes,
en mains tablettes, iPhones, écouteurs verrouillés sur les oreilles.
Ils observent le sol au plus près. Ne s’aventurent pas très au-delà,
car ils pensent que le danger les guette ».
Posément une voix euphonique murmure
des choses insensées. Elle m’invite à transgresser la norme,
et insiste pour me placer à contre-courant,
aller chercher les lignes de fuite, celles qui se perdent à l’infini,
à l’ombre du ciel ou à découvert dans un glacis herbeux qui n’en finit pas.
Je cherche l’introuvable, l’immatériel, un horizon, mon horizon,
un déboitement, peut-être la providence !
Je marche toujours et encore, loin du chahut des hommes,
du désossement des fantasmes. Alors,
je décide d’embrasser la « proésie » aux désirs contingents !
Une petite flamme s’invite et me propose de m’asseoir,
de faire une pause près de ce mélèze, de fermer les yeux
et de contempler le calme alentour. Le tournis du monde s’arrête.
Demeure juste le silence, bruissement d’absence exubérante,
fil invisible, au cœur de la parole intérieure, d’un acte rédimant !
Je vois désormais, sans renoncement, beaucoup plus loin. Et les mots
parcourent l’imaginaire transhumant, désormais mes graffitis de vie.
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