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Très haut amour et autres textes de Catherine Pozzi
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14092021
Très haut amour et autres textes de Catherine Pozzi
AVE
Très haut amour, s'il se peut que je meure
Sans avoir su d'où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,(...) C.Pozzi
Extraits du journal de jeunesse
P.95
Très haut amour, s'il se peut que je meure
Sans avoir su d'où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,(...) C.Pozzi
Extraits du journal de jeunesse
P.95
Dans la vie, la jeune fille est un être seul. Ah, combien seule ! Enfant, elle fut gâtée, chérie, adulée. Jeune fille, on la laisse. C'est une fleur dont on ne veut pas respirer le parfum. Quand elle est dans le monde, une visible gêne et une contrainte pèsent sur les dames et les messieurs : on ne doit pas dire de légèretés. On s'observe. Quel ennui que la jeune fille !...
Pauvre jeune fille ! À qui pourra-t-elle se confier ? À qui dire les choses qui lui brûlent le cœur ? Près de qui pleurer ? Avec qui sourire ? Hélas, avec personne. Et voilà pourquoi j'ai ce cahier, et voilà pourquoi j'écris, je pense et j'espère sur ces feuilles. C'est avec lui que je souris. Et c'est avec lui que je pleure... O mon ami ! ô ma chose à moi, ma chose adorée ! Oh combien je chéris chacune de ces feuilles où mon âme est écrite !!! Mais des larmes me viennent aux yeux. Une amertume atroce me serre la gorge. Dire qu'il n'y a personne avec qui je puisse pleurer en paix ! Personne ne me comprendrait...pas même maman !!! -Oh mon âme, mon âme ! Tu voudrais mourir, n'est-ce pas ? Oh mon cœur, mon cœur, cesse de battre, arrête, et tout sera fini...Mais mon âme a beau s'agiter comme un pauvre oiseau blessé, enfermé dans une cage, mon cœur ne s'arrête pas. Pourquoi suis-je née ? Personne ne saura jamais ce que sont les douloureuses, les terribles angoisses d'un cœur de jeune fille. Si on me voit pleurer, on ne comprendra pas pourquoi je pleure. Si on me voit rêver, on croira que je pense à mon piano, ou mon chien, ou ma nouvelle robe. La jeune fille est un être seul.
(24 octobre 1896)
P.102
Mon Dieu Esprit
Pardonnez-moi d'avoir aimé un homme comme j'aurai voulu vous aimer, comme je vous ai, par brèves lumières, aimé quand vous étiez en moi.
Pardonnez-moi de m’être aimée avec toutes mes forces dans l’ardeur et l’aberration.
Pardonnez-moi mon orgueil et mon inaltérable égoïsme.
Pardonnez-moi d'avoir cherché ma joie.
Pardonnez-moi d'avoir compris en vain, puisque cela n'a servi aux autres.
Pardonnez-moi d'avoir été fière des soleils de sagesse que vous me laissiez voir, et dont je n'ai pas distrait un rayon pour ceux qui sont dans la peine.
Pardonnez-moi d'avoir été envoyée par vous pour refléter le monde plus clair, et d'avoir perdu ma vie sur les chemins à cueillir des petites fleurs d'érudition vaniteuse.
Pardonnez-moi la stérile volupté de mes sens, et ce plaisir des yeux pour l'harmonie, dont je n'ai pas traduit l'enseignement en rythmes ni en pensées.
Pardonnez-moi d'avoir été riche en vain de la beauté du monde.
L'esprit et la matière sont une seule chose, je ne l'ai pas enseigné.
J'étais faite pour retrouver peut-être dans un symbole de vertigineuse biologie, la justification de l'étrange dogme catholique, et j'ai couru ailleurs.
Pardonnez-moi, pardonnez-moi.
Je rentre dans le silence les mains vides, et ces écritures qui demeurent seules sont encore une vanité.
Donnez-moi de travailler ailleurs à ce qui peut aider votre règne et sa paix active et son harmonie transcendante.
Ne me rejetez pas comme le mauvais ouvrier. Je veux renoncer au bonheur bête et personnel qui n'augmente pas l’univers ; je veux aider, aider, aider, ces innombrables moi-même de chair et de souffrance qui montent dans l'illusion d'espace, au long du temps si lourd, les degrés de votre échelle d'or.
Donnez-moi d'aider, je vous crie de mon être entier ramassé dans une sincérité qui vient de vous. Et soyez sur mon agonie.
Amen.
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