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07122021

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« Je n’ai rien fait aujourd’hui/ je n’ai plus confiance dans/
 Les jours et la journée/ est une fiction » Victor Pouchet
 
Elle avance, il recule. Il lui semble que pour le moment les choses sont ainsi, mais rien ne l’y prédisposait vraiment. Elle marche d’un pas lourd et hasardeux. Sa robe ne s’envole plus. Il avance de guerre lasse et tangue comme un navire désamarré. Un coup de tabac déstructurant ! Pour elle, le port n’a plus de quai ni de bastingage au bateau qui part. Sa vie ressemble à l’opacité brumeuse d’un horizon qui se confond avec le large. Et le large lui apparait étroit. Comme l’est sa vie aujourd’hui.
 
Bien qu’éloignés l’un de l’autre, néanmoins, il subsiste des bribes de mimétismes des sentiments d’avant.  Le temps s’est immiscé entre eux avec fureur. Désaccouplés de désamour, elle au nord, lui à l’ouest, ils songent chacun de leur côté à faire une « buckest list » (à quoi serviront-elles bien ?), malgré que leurs lignes de vie s’éloignent à toute allure. Sans doute, quelques aspirations enfouies aux tréfonds d’eux-mêmes qu’il faut désensabler du couple qu’ils avaient formé et qu’ils avaient tu.  Quand vient la nuit, ils s’efforcent de trouver tout là-haut, une étoile suffisamment brillante. Un guide qui pourrait les conduire à l’aube claire, parfumée de jasmin, tout enluminée d’or, vers une fontaine de jouvence éclatante de lueurs rafraîchissantes. Un lieu faisant sens pour eux deux. Cette simplicité des mots que l’on a envie d’embrasser, tellement ils sont vrais ! Oui, mais voilà, aujourd’hui ces simples mots, ne peuvent ou ne veulent naturellement s’exprimer. Voilà le paradigme (un peu comme le verbe finir pour les verbes du deuxième groupe !). Il n’y a plus de didascalie. Les acteurs ne jouent désormais pas tout à fait la même pièce.
 
Pour autant, ils rêvent de visages ensoleillés au firmament nocturne, de regards faisant fi des regrets tamisés, d’iris colorés aux accents d’espoirs. Ils revoient des corps à corps saisissants aux caresses tourbillonnantes, manège d’amour ou l’impudeur heureuse s’étale au grand lit ouvert. Extatique ! Le cœur ne sait plus comment faire pour trouver une sortie, une porte entrebâillée, une main courante secourable et invisible, un fil d’Ariane solide pour conjurer la peur. Une simple bouée y suffirait probablement, légère comme une brise d’encens. Elle nous garderait la tête hors de l’eau et ferait renaître l’amour, peut-être ! Se rabibocher, plus aisé à dire qu’à faire, même et surtout à l’ère de la communication tous azimuts. Essayons quand même si tu le veux bien. Allons prendre un café crème au bistrot du coin « Le Tempero ».
 
Alors nous pourrions, doucement ajuster voire réajuster nos pas et repartir vers des Nords improbables, vers l’ouest des reconquêtes, mais partir tous les deux comme avant, comme avant que cela ne cesse, comme avant de se connaître, de se reconnaître. D’aimer le grain de ta peau, ton parfum, sentir ta présence m’enfiévrer, ton ventre soupirer, ta bouche s’offrir, mes mains courir et ne savoir où aller. Faire renaitre et sublimer nos interdits polissons.
 
J’aimerais juste ressusciter les « je t’aime » ! C’est si bon de dire « je t’aime avec les yeux ». Au cœur des mots de silence, j’irai à nouveau cueillir ton âme que je couvrirai de roses le temps d’un printemps estival. Et nous ferions en sorte de réciter le même poème, le plus longtemps possible.
 
« Qu’est-ce qu’un vers ? Une passerelle. L’une de ces légères passerelles que le pas efface à mesure qu’il les révèle. Et la poésie ? Une suite de lancers de passerelles ou de pieds d’appel. Il s’agit de prendre élan, une succession d’élans pour s’aider à bondir et à atteindre l’autre rive (…) » Jean-Marc Sourdillon
 
Seawulf
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