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Variations naturelles
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03062021
Variations naturelles
« J’ai connu le malheur terrible d’être belle
quand je ne savais pas ce qu’il fallait aimer » Lydie Dattas
quand je ne savais pas ce qu’il fallait aimer » Lydie Dattas
C’était le soir un peu avant la nuit, lentement le soleil déclinait, absorbé par les toits crénelés qui s’enflammaient. On quittait le printemps pour l’été, Paris se réinventait. Fini le labeur du jour, les gens flânaient, du moins, quelques-uns, dont j’étais ! Des rais de lumières jouaient avec les corps, kaléidoscope parsemé d’ombres et de transparences chatoyantes. La vie s’égayait, friponne et légère. J’avais rendez-vous au Soufflot, brasserie en contrebas du Panthéon, avec Estelle. Légèrement en avance, elle attendait. Jetait un œil autour d’elle. M’aperçoit et me fait un signe de la main, sorte de danse magique. Je souris et arrive près d’elle. Parfum d’Adrien, j’adore le sillage. Nous nous installons dans un coin de la pièce, un peu à l’écart. Observons les couleurs chaudes, au ton vintage et bohème, commandons un café crème. On échange des banalités joyeuses. Des sourires complices. C’était notre troisième rencontre. Ses mains laiteuses étaient douces, la musique de fond laissait entendre Night in White Satin des Moody Blues, un régal et une incitation tactile. Le serveur, type italien, revient. Il nous sert avec un sourire joyeux. « C’est une belle journée pour faire des projets » dit-il, avant de rejoindre le bar ! Le brouhaha ronronnant s’est atténué avec la musique. Un silence de courte durée s’installa, suivi de près par une question plutôt inattendue : « Dis-moi, qu’est-ce qui t’a attiré chez moi ? ».
Hum, pas facile ! Bien sûr ta beauté, ton élégance, cette manière que tu as d’être ailleurs. Ta garde-robe de bon goût. Tes yeux, ta bouche et tes formes discrètes et néanmoins bien présentes. Ton accent. Oui, je crois que c’est un peu tout cela... (silence). « C’est tout ! » s’exclame-t-elle. « Non », mais je n’ose te le dire. « Dis-moi !». Eh bien ! « Oui, je t’écoute » ... La transparence de ta robe, imprimée coquelicot, rouge et blanche, comme un jardin vivant, qui laissait entrevoir entre ombres et lumière, de manière fugace, ton entrecuisse. C’était d’un érotisme fabuleux. L’origine du monde revisité à la faveur d’une féerie naturelle !
« Ouais ! Finalement c’est mon c... qui t’a plu .»
Nous avons souri à gorge déployée. Tching, tching... Paris avait un air de fête. Quelque chose d’aérien, comme ce papillon venu se poser sur le rebord de la fenêtre. Fragile, beau et éphémère. Nous étions guillerets et profitions de la vie dans ses atours les plus simples, sans penser au lendemain.
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